La pratique au dojo



Introduction
Shiseï
Ma aï
Le Centre
Le Ki no nagare
Le Ryo no geiko
Le rôle d'aïté


Introduction


Vous voici dans la partie la plus technique du site, j'ose espérer que vous n'avez pas commencé votre visite par là!
Si c'est le cas, promettez moi d'aller faire un tour dans la partie Les thèmes fondamentaux

Maintenant, passons au sujet: L'aïkido se pratique dans un dojo, les situations possibles sont infinies et faire de la technique (et uniquement de la technique) est le meilleur moyen de passer toute sa vie à faire des choses différentes sans jamais progresser.

Ce qui nous intéresse, ce sont les principes qui sous tendent chaque technique, ils sont peu nombreux, mais souvenez vous de l'objectif: Se changer soi

Faites de ces principes votre comportement naturel, travaillez jusqu'à avoir l'impression constante de ne faire qu'une et unique chose, les appliquer quelle que soit la situation.

Lorsque ces principes seront votres, tout mouvement que vous réaliserez sera de l'aïki, et ce même s'il n'est référencé dans aucun livre.


Shiseï : La posture juste, souple, puissante.


Pour faire simple, cela revient à établir l’unité (sens : maintenir chaque chose à sa place) au sein de votre propre corps. Le but est avant tout l’utilisation possible de tout le corps dont résulte la puissance, ainsi que la disponibilité.

Posséder un bon Shiseï c’est :
- Eviter d’avoir à fournir des efforts violents (par exemple avec les muscles des bras) car on utilise en permanence tout le corps.
- Eviter d’être trop rigide car vous subiriez alors toute action sur n’importe quelle partie de votre corps

C’est un rôle qui est double : Il s’agit de pouvoir s’adapter aux situations diverses que l’on rencontre.
- Si l’on est dans une situation ou l’on possède l’avantage, une bonne extension et une utilisation de tout le corps dans la bonne direction assure la réussite de la technique.
- Si la situation favorise votre adversaire, la souplesse et l’adaptation de votre Shiseï assurera que celui ci n’ait pas de prise sur votre corps entier.

Le jeu du feu et de l’eau en somme. Une technique pouvant contenir les 2 situations en constante interaction, nous ne sommes pas dans la dualité.


Ma aï : La distance dynamique, le timing


La aussi, il s’agit de trouver sa place, mais vis à vis des autres.

- Une distance insuffisante entre vous et le partenaire : vous voilà obligé de vous imposer ou de subir. Pas le temps de voir venir les choses.
- Une distance trop grande : Impossible d’avoir une vraie action sur le partenaire. De plus son attention sera toujours directement sur vous, vous subirez sa force.

Une seule distance possible, le ma aï juste, qui change en même temps que la situation.

Dernière chose, le ma aï correct vous permet d’avoir et d’exploiter correctement votre shiseï. Les 2 sont naturellement indissociables et marchent de pair.


Le centre


Soyons francs, il y a plusieurs centres et on utilise le terme pour plusieurs notions.

Tout d’abord : le centre de gravité. C’est le centre physique et énergétique du corps. Si vous déplacez ce point, tout le corps se déplace (alors qu’on peut bouger la main sans bouger nos pieds) Une bonne image est de penser que la force de votre partenaire émane de ce point et pointe vers vous au début de la technique. Par la suite, prendre le centre du partenaire c’est dévier cette force pour que vous ne la subissiez pas.
C’est la partie de votre partenaire qu’il faut mettre en mouvement (ne jouez pas à déplacer son bras, à moins de maintenir le lien qui existe entre ce bras et son centre)

Ensuite, le centre du mouvement. En aïkido, on cherche à trouver sa place. Une fois celle ci trouvée, on évite de la quitter à tout moment car c’est là qu’on est solide, que l’on sait faire, que l’on a de bonnes sensations.
Votre adversaire, s’il décide de quitter sa place pour vous attaquer, a donc déjà fait sa plus grande erreur (attention, ce n’est pas uniquement une question de positionnement dans l’espace). Sa force vous cible initialement, afin d’éviter de la recevoir vous devez la détourner de vous en la déplaçant.
Conserver sa place nécessite de mettre votre adversaire en mouvement, et de là naissent les mouvements circulaires de l’aïkido. Un centre fort, solide, et un partenaire constamment déséquilibré (la marche est un déséquilibre que l’on rattrape à chaque pas).

Si vous bougez plus que votre partenaire, ce n’est pas de l’aïkido.

Une certaine souplesse doit être présente pour s’adapter aux situations, il ne faut en aucun cas rester statique, mais se déplacer tout le temps n’est pas la solution. Rares sont les techniques qui nécessitent plus de 2 pas en aïkido.

Cette notion est beaucoup plus puissante qu’il n’y paraît. Elle élimine toute notion de vitesse de l’attaque. Car vos mouvements simples, partants du centre seront toujours plus rapides que ceux de votre partenaire visant à gagner le centre (vous). C’est comme faire la course avec aïté, mais vous partez sur la ligne d’arrivée.

Cette notion couplée avec un bon ma aï et un bon shiseï vous rendent « presque » invincible

Tout ces principes peuvent se retrouver dans les autres arts martiaux et sports de combats (même s’ils sont abordés différemment ) mais il vous manque encore le principe le plus important qui est l’essence même de l’aïki


Le Kinonagare


Littéralement, l’écoulement de l’énergie, le flot, le sens de la force. Si vous savez utiliser tout votre corps (Shiseï, Ikkyo Undo), que vous avez le bon ma aï, presque personne ne peut vous arrêter dans de nombreux cas, et il est facile de croire qu’on a alors un bon aïkido.

Que nenni, vous n’avez peut être jamais fait d’aïkido encore. A ce stade, on peut légitimement penser qu’on choisit de faire une technique donnée avant celle ci

Faire de l’aïkido c’est effectivement savoir utiliser tout cet univers à son avantage, mais c’est aussi éviter de heurter les forces des autres.

Soyons franc, il est impossible de choisir la technique que vous allez réaliser à l’avance (propos à nuancer par le travail du Ryo no geiko). Vous allez effectivement devoir utiliser les principes précédents, mais dans le sens donné par les actions de votre partenaire.

C’est le principe le plus puissant, s’il est appliqué en permanence, nulle défaite n’est possible, il n’y a pas de combat.

Le raccourci suivant est simpliste mais vous permettra de commencer à comprendre la notion :

A-->B

A veut pousser B vers la droite (-->), B ( apprenti aïkidoka) utilise tout son corps pour entrainer A dans ce même sens (-->) Supposons que A ait une force totale de 100, n’étant pas aïkidoka, il utilise seulement 80 de sa force.
B utilise toute la sienne qui est de 90.

Au début, la force est de 80+90=170 vers la droite. On va à droite, c’est sur
En cours de mouvement, A fait machine arrière, étant en déséquilibre, cela lui est très difficile mais supposons qu’il y arrive.
La force est de 90 – 80 = 10 vers la droite. A ne peut pas empêcher le mouvement.

Dans la réalité, si B est aïkidoka accompli, il changera de sens en même temps que A, et le mouvement se poursuivra sans cesse avec une force de 170.

C’est d’autant plus vrai que A comprend le rôle d’aïté. On en arrive ainsi a pouvoir projeter un partenaire plus loin qu’il n’aurait pu le faire en sautant de lui même.
(NDR : cela ne sert bien sur à rien dans un contexte martial)


Le Ryo No Geiko


En aïkido il existe 3 formes principales de travail

-Go no geiko
-Ju no geiko
-Ryo no geiko

Le travail Go no geiko est un travail à partir d’une situation statique, il est donc approprié pour travailler le détail, et amène souvent tout un lot de difficultés supplémentaires.
Commencer par le Go no geiko n’est pas forcement une bonne idée car on oublie souvent de donner un sens Global à la technique.

Le détail vient toujours avec la pratique assidue, le sens du mouvement doit être travaillé lui, dès le premier jour.

Le travail Ju no geiko est le travail en mouvement, en dynamique : Si celui ci est poussé très loin, il peut aboutir sur le SEN NO SEN, c’est à dire une telle anticipation du mouvement de votre partenaire que vous pouvez immédiatement choisir la technique adéquate, et l’exécuter parfaitement.

Le Ryo no geiko est l’étape suivante. Il ne s’agit plus d’essayer de deviner, mais de créer la situation que vous souhaitez. Le SEN NO SEN ne peut venir qu’après une vie passée à combattre, à pratiquer. Le Ryo no geiko peut être travaillé dès le premier jour.
Cela demande beaucoup de précision dans vos gestes, votre attitude pour engendrer une réaction chez le partenaire qui mvous favorise.
Nous ratons nos techniques car nous ne nous mettons pas dans la situation de les réussir à tous les coups.
Certains maîtres travaillent cela depuis très longtemps, ils ne craignent donc pas d’être bloqués dans leur techniques. A aucun moment aïté n’est en position de force ou de décision. Pas même au début de la technique.

Le Ryo no geiko est rarement compris par les pratiquants car ils ont en tête l’image d’un aïkido : « de défense ». Ce n’est pas le cas de notre discipline.
Nous l’avons vu dans les thèmes fondamentaux, l’aïkido consiste très souvent à désamorcer le conflit avant d’être en situation de le subir. Cette notion est à rapprocher du fait d’entreprendre, c’est le sens profond d’IRIMI.


Le rôle d’aïté


Dans les dojos, il arrive souvent que le rôle d’aïte soit mal compris. Cela se traduit la plupart du temps par des partenaires qui sont passifs quand ils vous attaquent, se contentent de suivre après avoir porté le premier coup, ou bien par des partenaires qui vous bloquent.

Tout d’abord, revenons sur le terme : j’emploie le terme Aïté (comme le faisait le fondateur) et pas Uke. Car Uke signifie « celui qui prête son corps » , sachez que l’on ne prête jamais son corps en aïkido, surtout pas à quelqu’un qui va effectuer une technique martiale (donc potentiellement mortelle).
Une telle appellation est à la base de la première confusion, qui consiste à pratiquer 50% du temps, et à laisser l’autre pratiquer le reste du temps.

Entrainez vous deux fois moins longtemps mais suivez les conseils qui vont suivre, vous progresserez ainsi plus vite.

Le rôle d’aïté donc est simple, il s’agit de faire de l’aïkido. Votre partenaire accepte que vous l’attaquiez pour tester sa capacité de réponse, tester sa compréhension de l’aïki.

La première chose que vous avez à faire est de bien comprendre le contexte, l’attaque montrée par l’enseignant pour ne pas fausser la situation de travail. C’est à mes yeux la première cause d’échec des techniques dans les dojos. Aïté qui attaque différemment, ce qui impliquerait en réponse une technique différente de celle étudiée.

Ensuite il vous faut essayer de conserver votre centre dans le mouvement. En aïkido on ne chute pas pour éviter de se faire mal, on chute pour conserver son centre, sa stabilité que l’on est en train de perdre. La chute est un Kaeshi Waza (une contre technique)
Il n’y a aucun mérite à projeter son partenaire en une formidable chute envolée de 5 mètres. Ce dernier a seulement parfaitement annulé l’effet de votre technique. Pour cette même raison, il peut être particulièrement jouissif de savoir chuter correctement.

Pour mettre en évidence les défauts de votre partenaire, et l’aider à progresser, il est important de projeter votre énergie sur lui tout au long de cette dernière.
Si ce dernier n’arrive pas à détourner cette énergie, il la subira et tous ses défauts seront alors mis en évidence.

Aïté doit travailler tous les principes de l’aïkido, et en particulier le Kinonagare, qui vous permet d’éviter le conflit.

Chercher à bloquer une technique est inutile :
- Vous cesser de travailler le Kinonagare (donc mettez un terme à vos propres progrès)
- Vous faussez la situation de travail, la réponse à votre réaction serait alors une technique différente. Si votre partenaire n’a pas encore un niveau suffisant pour changer dans l’instant ces plans, il va croire que la technique enseignée ne marche pas. ( ce qui est faut, c’est la situation qui en exige une différente)

Pratiquer l’aïkido dans les 2 rôles, et non pas dans un seul est le moyen de progresser vite et bien, de manière cohérente.
Mal comprendre ce rôle d’aïté, c’est défaire régulièrement, ce que vous vous efforcez de faire dans le rôle de nage.


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